Isoma le monde !
Pendant ma recherche de titres sur Internet, je suis tombée sur le très sympathique blog de Missbouquinaix, et j’ai découvert avec bonheur qu’elle avait elle aussi pour ambition de lire des livres venus du monde entier. C’est en parcourant sa liste pour le challenge Le tour du monde en 80 livres que je suis tombée sur L’Enfant noir, de Camara Laye. Après avoir lu le résumé, j’ai aussitôt eu envie de le lire également, je l’ai acheté (d’occasion à 2 euros, ça valait vraiment le coup) et voici le résultat !
Voici le résumé : [L’enfant noir grandit dans un village de Haute-Guinée où le merveilleux côtoie quotidiennement la réalité. Son père, forgeron, travaille l’or au rythme de la harpe des griots et des incantations aux génies du feu et du vent. Respectée de tous, sa mère jouit de mystérieux pouvoirs sur les êtres et les choses. Elle sait détourner les sortilèges et tenir à l’écart les crocodiles du fleuve Niger. Aîné de la famille, le petit garçon est destiné à prendre la relève de son père à l’atelier et, surtout, à perpétuer l’esprit de sa caste au sein du village. Mais son puissant désir d’apprendre l’entraînera inéluctablement vers d’autres horizons, loin des traditions et des coutumes de son peuple.]
Ce livre est donc en fait le récit autobiographique de l’enfance de Camara Laye dans son pays d’origine et dès les premières lignes, me surprenant moi-même, j’ai été certaine que j’aimerais ce texte. Pourquoi, me demanderez-vous ? Tout simplement parce que je suis instantanément, irrémédiablement tombée amoureuse de la plume de l’auteur (plus subjectif comme avis tu meurs !). Aimerez-vous comme moi ce début ? « J’étais enfant et je jouais près de la case de mon père. Quel âge avais-je en ce temps-là ? Je ne me rappelle pas exactement. Je devais être très jeune encore : cinq ans, six ans peut-être. Ma mère était dans l’atelier, près de mon père, et leurs voix me parvenaient, rassurantes, tranquilles, mêlées à celles des clients de la forge et au bruit de l’enclume. Brusquement, j’avais interrompu de jouer, l’attention, toute mon attention, captée par un serpent qui rampait autour de la case, qui vraiment paraissait se promener autour de la case ; et je m’étais bientôt approché.« . En tout cas, un tel coup de coeur est suffisamment rare chez moi pour être mis en avant… Surtout que du tout début à la toute fin, ma lecture a été portée et motivée par les phrases rythmées, musicales, par les mots choisis avec soin, par la simplicité et l’efficacité du style.
Avant même le début de l’histoire à proprement parler se trouve un hommage poétique « À ma mère« , qui pose tout de suite les bases : ici, la famille est un pilier essentiel, tout comme la communauté villageoise. Et effectivement, on ressent très bien pendant tout le livre l’atmosphère chaleureuse qui a enveloppé l’auteur à l’époque. Malgré les angoisses, les drames et les séparations, c’est avant tout cette ambiance cordiale qui reste à l’esprit. Au travers des nombreuses scènes de danse, de retrouvailles amicales, de cérémonies traditionnelles et de vie quotidienne, Camara Laye nous donne à voir une vie simple mais heureuse. Au vu du résumé, j’avais un peu peur que le roman soit réparti entre la vie guinéenne de l’auteur et sa vie d’adulte en France – un peu peur puisque ce qui m’intéressait principalement était la partie sur les coutumes africaines. En fait, l’histoire de cet ouvrage se déroule entièrement en Guinée, et décrit avec poésie et précision les traditions guinéennes. On peut ainsi assister à différents rites de passage à l’âge adulte, ou encore découvrir les pouvoirs mystérieux de la mère de l’auteur (« Si ma mère avait le don de voir ce qui se tramait de mauvais et la possibilité d’en dénoncer l’auteur, son pouvoir n’allait pas au-delà. (…) Si l’on se montrait aimable à son égard, ce n’était aucunement par crainte : on se montrait aimable parce qu’on la jugeait digne d’amabilité, parce qu’on respectait en elle un don de sorcellerie dont il n’y avait rien à craindre et, tout au contraire, beaucoup à attendre.« ).
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, notamment du fait de son écriture mélodieuse et de toutes les informations qu’elle m’a apporté sur la vie en Guinée dans les années 40. Chaque page a su me rendre un peu plus curieuse vis à vis de cette Afrique que je ne connaissais pas, et me motiver à lire la suite. L’Enfant noir est un classique contemporain de la littérature africaine, et a été pour moi un vrai coup de coeur. N’hésitez pas, vous ne le regretterez pas ! (et puis bon, si il ne vous plaît pas autant qu’à moi… au moins n’est-il pas très long !)
> La prochaine lecture sera Histoire argentine, de Rodrigo Fresán.
> LAYE, Camara – L’Enfant noir, éditions Pocket.
> rédigé au son de « Liberté » .