[journal] 3 – allemagne

Guten tag le monde !

Le troisième roman de ce challenge m’a été conseillé en réponse à mon appel à titres sur Facebook, et par pur hasard, cela tombait très bien : ce livre, je l’avais déjà dans ma bibliothèque, acheté d’occasion et jamais lu. Ce livre ? Le Parfum, de Patrick Süskind.

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L’histoire ? [Au XVIIIe siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus horribles de son époque. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille. Sa naissance, son enfance furent épouvantables et tout autre que lui n’aurait pas survécu. Mais Grenouille n’avait besoin que d’un minimum de nourriture et de vêtements, et son âme n’avait besoin de rien. Or ce monstre de Grenouille, car il s’agissait bel et bien d’un genre de monstre, avait un don, ou plutôt un nez unique au monde et il entendait bien devenir, même par les moyens les plus atroces, le Dieu tout-puissant de l’univers, car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le coeur des hommes ».]

Pour une fois, je ne sais pas trop à quoi m’en tenir avec ce livre. En théorie, c’est une histoire vraiment malsaine, centrée sur un personnage principal glauque à souhait et dont l’auteur nous rappelle constamment l’indécence et la monstruosité. Meurtrier machiavélique et indifférent, il tue à plusieurs reprises, dont une fois assez près du début du roman (donc ce n’est pas tout à fait spoiler que de le dire !). Il assassine, sans haine, pour son bénéfice personnel. Et pourtant… plongée, au travers de l’apprentissage de Grenouille, dans le monde fascinant des parfumeurs du XVIIIe siècle, j’en ai presque oublié la noirceur de cet homme torturé. En effet, ce livre offre, et c’est ce qui marque dès les premières lignes, une ambiance olfactive incroyable : décrites avec moult détails et toujours au coeur du récit, les odeurs que sent Grenouille, on peut presque les sentir en lisant. Et il en sent, des choses, avec son nez virtuose. De la puanteur des rues de Paris à la magnificence du Parfum dont il rêve tant, en passant par les paysages intérieurs qu’il se crée ou les odeurs des hommes, banales mais uniques…

Ces hommes dont Grenouille est si distant, qu’il hait mais dont il recherche l’adoration, sont présentés tour à tour comme cruels, stupides, prétentieux… Nul être humain ne trouve grâce aux yeux de ce personnage à l’aura troublante. De plus, partout où Grenouille passe, la mort le suit de près ; et au fil de l’histoire on ne compte plus ceux qui auront, pour leur malheur, croisé sa route. Cet être en dehors du monde, résistant comme « une tique », invisible, insignifiant, et pourtant si dangereux, laisse une impression dérangeante. Un peu comme un inconnu qui regarderait avec insistance par-dessus notre épaule pendant la lecture, que l’on remarque à peine mais qui fait froid dans le dos.

Et dans le même temps, ce personnage gênant, qu’on ne sait dans quelle catégorie ranger, on en suit les pensées. L’auteur, impassible rapporteur, nous plonge dans les méandres de cet esprit fou, tordu, parfois angoissé… et ce, jusqu’à ce qu’on puisse comprendre son raisonnement. On suit Grenouille de sa naissance à sa mort, d’un point de vue interne mais aussi parfois externe, et l’on découvre ainsi un panorama complet de sa vie. C’est peut-être cela qui est le plus troublant : on en vient à devenir familier avec la façon de penser, les actes et les motivations d’un être qui, quand on sort du livre pour le considérer dans son entier, est tout simplement un assassin. Mais un assassin dont, pendant toutes ces pages, on a été intimement proche.

Le Parfum est un classique de la littérature contemporaine, que l’on ne parvient pas à lâcher avant la fin, et à l’histoire duquel on ne peut s’empêcher, un instant, de croire. Le réalisme de l’oeuvre et sa profondeur, explorant sans concession les mécanismes d’une âme humaine, en font une lecture particulièrement marquante que je conseille, cette fois, aux curieux au coeur bien accroché.

> La prochaine lecture sera Comme tous les après-midi, de Zoyâ Pirzâd.

> SÜSKIND, Patrick – Le Parfum, éditions du Livre de Poche, Fayard – traduit de l’allemand par Bernard Lortholary.
> rédigé au son de « 
Das Deutschlandlied » .

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