Bonjour à tous !
Me revoici en mode auto-édition, afin de vous parler d’un roman lu il y a déjà quelques temps : La Troupe, de Frédéric Meurin. Lorsque l’auteur m’a proposé de découvrir son livre, j’ai accepté avec plaisir (et je tiens à le remercier encore). En effet, le sujet est original, l’angle intéressant et le tout promettait de me faire lire quelque chose de différent de ce que j’ai tendance à lire en ce moment. Exit la fantasy et la SF pour une fois, et laissons place à la vraie vie avec des comédiens criants de vérité.
[Pacôme, Nathan et leurs amis se lancent à la conquête des planches. Leur pari pour sortir de l’ombre ? Faire corps face à l’adversité. Car dans les coulisses, quand les personnages se taisent, les comédiens aiment, espèrent, galèrent. Mais les comédiens tombent-ils jamais le masque ?]
Je dois dire que mon ressenti après cette lecture est un peu mitigé. J’ai bien aimé, certes… mais ce roman ne m’a pas non plus complètement enthousiasmée, notamment parce que je n’ai pas su m’imprégner au mieux des personnages et de leurs espoirs. La structure du récit m’a déboussolée au premier abord, car elle apparaît au début assez décousue : on saute d’un moment à l’autre dans la vie de protagonistes dont on n’est pas encore familiers, et j’avoue avoir eu un peu de mal à m’y retrouver. Ce sentiment s’est néanmoins atténué à la fin, une fois les différents personnages apprivoisés. De fait, j’ai surtout apprécié la vue d’ensemble que j’ai pu avoir sur le livre à l’issue de ma lecture, qui m’a permis de mettre le doigt sur certains aspects particulièrement appréciables.
J’ai ainsi vraiment aimé la musicalité et la théâtralité de La Troupe. Pourquoi musicalité ? Tout simplement parce que les « chapitres » sont par exemple découpés par des extraits de chansons populaires et de comptines, et on retrouve ce même procédé dans le texte lui-même – les personnages empruntent parfois des citations à des morceaux célèbres, chantonnent… Le tout donne une valeur ajoutée à l’ouvrage et crée une atmosphère unique, dans laquelle l’esprit de l’auteur est appuyé par les messages de ces chansons. La Troupe a donc en quelque sorte sa propre bande-son, jouant un rôle de fond sonore au fil des pages. De même, qu’entends-je par théâtralité ? Bien sûr, La Troupe parle de théâtre, de comédiens en herbe, de scène, de jeu (« Installer le décor, placer les costumes, sans oublier les accessoires, disposer sous les yeux des spectateurs qui poireautent dans le hall le livre d’or où quasiment personne n’écrit, se concentrer en réveillant les muscles faciaux à force d’exercices d’articulation, pendant que l’éclairagiste transforme son implantation lumière et l’adapte à notre spectacle et une fois tout ça vite fait pas trop mal fait… Se faire plaisir.« )… Mais cela ne s’arrête pas là. En effet, on peut retrouver dans la forme du texte une structure qui rappelle celle d’une pièce voire d’une comédie musicale (« scènes » entrecoupées de passages musicaux…)… mais qui rappelle aussi et surtout l’oeuvre de Pacôme, un des personnages du roman. Petit à petit, on se rend compte que les textes qu’il écrit pour sa troupe reflètent, dans l’ordre, la trame principale du roman : La Troupe (et par là même les pièces de Pacôme) nous raconte la vie, l’amour, l’amitié (et devenu spectateur, le lecteur observe tout comme les personnages : « Nous l’écoutons comme des gosses à la veillée au coin du feu nous détailler la mode au XVIIème siècle des spectacles mêlant théâtre, musique et danse, nécessitant toujours plus de machineries pour amener les décors et créer les effets spéciaux de l’époque. Sans électricité pour motoriser les treuils, assurer les lumières ou la bande-son, ne restaient que les poulies.« ). La Troupe, dans le texte, c’est une bande de copains qui donnent corps à leurs rêves et sont confrontés à la réalité, qui se rapprochent ou s’éloignent, s’accrochent à leurs espoirs ou les laissent filer. Dans la galerie de personnages de Frédéric Meurin et dans les caractères opposés de Nathan et de Pacôme, on peut lire des ambitions plus ou moins profondes ; la variété des histoires et des idéaux est d’autant plus intéressante que chacun trace son propre chemin, à la fois au sein du collectif et en dehors.
Comment mener à bien un rêve quand tous vous disent que c’est irréalisable ? Comment faire face aux difficultés techniques, aux problèmes humains, aux divergences d’opinion, aux départs et aux arrivées des uns et des autres (« Quand le nom de la Troupe s’est imposé, nous avons filé la métaphore militaire, prêts à livrer toutes les batailles. Les défaites que nous allions subir… Quelles défaites ? Elles resteraient trop rares pour importer. Là tout de suite, nous expérimentons la réalité d’une bonne grosse débâcle.« ) ? Au travers du personnage paisible de Nathan, l’auteur nous laisse observer les réponses que donnent les différents membres de la Troupe à ces questions, chacun évoluant à sa manière. Touchants et complexes, idéalistes ou pragmatiques, Nathan et Pacôme mais aussi Gaëlle, Aurore ou Philippe sont tous crédibles, et nous font entrer dans leur monde. En bref, un récit divertissant à l’écriture vivante et à la structure originale, mais qui m’a tout de même un peu laissée sur ma faim. Je recommande cependant, ne serait-ce que pour la plume vive et efficace de Frédéric Meurin, qui donne tout son sel à cette histoire, et pour les personnages hauts en couleurs que l’on y suit.
Pour les curieux comme moi, j’ai reconstitué une playlist avec les morceaux et artistes cités : à écouter ici.
> MEURIN, Frédéric – La Troupe – auto-édité et disponible ici. Retrouvez l’auteur ici.